Par Pascal Garneau

Le 8 mars 2023

 

D'office, c'est le texte le plus long que vous lirez de ma part, mais je vous promet que ça mérite vos 10 minutes d'attention.

 

Bonne lecture.

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Ponte Vedra, FL,

C'est à la fin de l'été 2020 que j'ai décidé de réaliser un rêve qui datait depuis longtemps : acheter un motorisé. Après avoir scruté les petites annonces, les sites de revente et les pages de concessionnaires de VR, j'ai finalement trouvé une petite annonce sur Marketplace qui a attiré mon attention. 24 heures plus tard, sans jamais avoir conduit un tel véhicule, j'étais propriétaire d'une machine de 30 pieds de long. C'est à ce moment-là que je me suis demandé : "Comment vais-je conduire ça sur l'autoroute maintenant ?"

 

Le fameux VR en question 

Maintenant propriétaire de la bête depuis près de 3 ans, de nombreuses

histoires se sont ajoutées à la ligne du temps. Mes premiers cobayes et amis de longue date, Dan, Mathieu et Michael, peuvent vous raconter notre première vraie sortie en VR dans les moindres détails. C'est digne d'un film d'humour et de suspense à la fois.

Bref, mon but ultime était de voyager avec ma famille dans un long périple qui nous mènerait je ne sais où, mais assurément là où la chaleur l'emporte sur le froid automnal du Québec.

C'est donc en octobre 2022 que ma conjointe, sa mère et notre petite Augusta avons décidé de mettre le "Winnebago" sur "D" et de foncer où "là où est l'Motton" - en Floride. Ma conjointe m'assurait que l'ajout de sa mère serait un plus pour garder la petite en plus qu'elle pourrait conduire le gros campeur afin que je me repose à l'occasion. Disons qu'elle avait raison sur une des deux affirmations, mais j'ai fini par conduire les 6 002 km qui séparaient ma cour à Cherbourg des Universal Studios à Orlando (cela me rappelle d'ailleurs qu'ils me doivent encore 300 $, mais c'est une autre histoire 😉).

Bref, début octobre, nous avons construit notre itinéraire, prévu quelques arrêts dans les endroits que nous voulions voir et visiter au passage, et le lendemain du mariage de mon ami Benoit et de sa conjointe Bianca, nous avons commencé à faire nos bagages.

Dieu sait qu'il en entre du stock. Minimaliste à mes heures, je me suis rendu compte qu'avec un enfant, un programme de 3 semaines et 2 autres convives dans le véhicule, nous avions besoin de 30 pieds de long et de tous les pouces qui viennent avec. Ça ne débordait pas, mais heureusement qu'il y avait des serrures sur les coffres parce que j'avais l'impression que tout allait s'effondrer à tout moment.

C'est donc le lundi 25 octobre au matin que j'ai fait discrètement mes adieux au domicile familial et à mes deux chiens. Malgré un regard confiant en apparence, je vous confirme que conduire cette machine jusqu'au sud des États-Unis me donnait une bonne frousse que j'ai bien sûr cachée sous les lentilles de mes lunettes de soleil pendant les deux premiers jours. Je vais résumer les deux premiers.

 

Je vais vous résumer rapidement les deux premiers jours : autoroute, douanes, McDo, parking de Wal-Mart, hâte de prendre une douche. Le mardi soir, avec beaucoup de difficulté, j'arrive au premier arrêt routier de Caroline du Nord. Je ne sais pas pourquoi, mais pour moi, la Caroline du Nord représente le premier niveau d'un jeu vidéo. C'est peut-être parce que c'est l'un de mes états préférés, mais c'est aussi là où j'ai vu mon premier palmier, où j'ai fait mon premier voyage de golf, et où se trouvent de nombreux terrains de golf magnifiques, comme Pinehurst. En bref, la Caroline du Nord me réconforte du nord au sud.

Nous avons garé le VR, j'ai ouvert une bouteille de vin rouge, j'ai allumé les enceintes de mon camping-car pour écouter le match de hockey du CH dans la pénombre, entre deux "grosses vans". Je me suis alors dit : Mission accomplie.

Direction la Floride ! Avec de la motivation et un thermos rempli de café chaud, j'ai pris la route des palmiers floridiens. Je vais sauter quelques étapes, car nous avons fait un arrêt en Géorgie pendant quelques jours. Je vais y revenir plus tard dans l'histoire. Disons simplement que nous avons réussi à arriver à Orlando, où un condo nous attendait. En réalité, nous attendions le condo avec impatience. Voyager en VR est moins confortable dans la réalité que dans notre imagination. Si la température est entre 10 et 20 degrés, c'est parfait. Mais dès que l'humidité s'en mêle et que le mercure dépasse les 70 degrés Fahrenheit, ça devient un peu moins confortable. En plus, même si notre VR fait 30 pieds de long, l'espace habitable ne fait que On parle peut-être de 150 pieds carrés avec une douche de format cadet, donc même avec une grande volonté et quelques contorsions, outre le fait d'augmenter le niveau d'humidité dans la charpente de tôle, ce n'est pas très rafraîchissant. J'imagine que les VR plus récents, qui valent le double voire le triple du mien, sont un peu mieux adaptés, mais bon, on fait avec les moyens du bord !

Orlando est passé comme un coup de vent. Mon travail de chargé de cours à l'Université m'a demandé un peu de temps. Ajouté à cela, le check-in du condo, la location d'une voiture à 30 minutes de route, une journée à Universal Studios, quelques chroniques radio et les nombreuses brassées de linge, il était déjà l'heure de remplir à nouveau la bête et de nous diriger vers Ponte Vedra, une magnifique localité qui héberge les 36 trous du TPC Sawgrass.

Ponte Vedra... Pour ceux qui ont la chance de visiter la Floride, c'est souvent le bon vieux Fort Lauderdale qui remporte la mise. Le contingent de boomers semble noliser la ville de novembre à avril chaque année. Les plus aventureux aimeront tester la côte ouest. De Naples à Clearwater, les kilomètres de sable blanc ont de quoi charmer et vous dépayser. Pour les familles, Orlando est une destination qui gagne à être connue. Si le concept de la plage ne vous dit rien (comme moi), les nombreuses piscines ainsi que quelques sources naturelles (telles que Wekiva Springs) ont, selon moi, de quoi vous combler. Par ailleurs, le choix de terrains de golf qu'offre Orlando et son rapport qualité-prix surpassent les parcours côtiers de l'est de la Floride. Bref, je ne vais pas faire la géographie complète de la Floride, mais simplement dire que le nord (Jacksonville) gagne à être connu. Ce n'est pas pour rien que de nombreux golfeurs professionnels en font leur deuxième demeure. D'ailleurs, je me verrais bien passer quelques hivers en bordure de l'Intercoastal, ligne de pêche à la main ! Dans cette partie de l'État des oranges, vous trouverez l'arrondissement de Ponte Vedra, hôte du fameux TPC Sawgrass et de nombreux magnifiques terrains, dont celui qui nous a reçus : le Ponte Vedra Inn and Golf Club.

 

 

 

N'entre pas qui veut au PVIC

Fondé en 1928, ce terrain privé aussi prestigieux que spectaculaire aurait dû être le terrain hôte de la Coupe Ryder dans les années 40. Cependant, cette dernière fut annulée en raison de la 2e Guerre Mondiale, ce qui a laissé passer une occasion de gagner 200$ pour ledit club de golf. Après avoir vu les installations, je suis assez sûr qu'ils peuvent se passer de ces 200$. Pour pouvoir jouer sur le terrain, il y a trois façons : résider au INN (400 $ USD par nuit), être invité par un membre ou organiser son mariage sur place. Pour ma part, c'est Jeff Hanson, ancien professionnel du mythique Cherry Hills Country Club au Colorado, qui m'a invité. Jeff fêtera prochainement ses 20 ans en tant que directeur général du club privé floridien et avait quelques bonnes histoires à me raconter sur son passage au Colorado. En fait, il était un bon ami de plusieurs joueurs de l'Avalanche du Colorado, y compris un certain Patrick Roy. Comme un service en attire un autre, il n'était pas rare que Patrick laisse une paire de billets chez Jeff. Il racontait même que la veille d'un des matchs de la fameuse série Colorado vs. Detroit, Patrick s'était invité en soirée pour bavarder avec Jeff. Il racontait que la ville était folle de hockey et n'en revenait pas que Patrick avait pris une bonne heure pour jaser avec lui. Il avait envie de lui dire : "Retourne chez toi te coucher, t'as une grosse game demain".

Sur le premier trou au Ponte Vedra Club, j'ai joué un driving iron "striper" en plein centre, un wedge à 25 pieds et un putt qui a cassé la coupe en deux. Mes deux "partenaires" qui étaient également de solides golfeurs étaient bouche bée. J'ai finalement terminé avec un birdie au 18e, seulement mon deuxième de la partie, pour briser la barrière des 80 coups, donc la séance d'impression s'est avérée assez courte.

La vue initiale que vous trouverez en marchant entre l'hôtel et le clubhouse

Une maison parmi tant d'autre bordant le terrain du PVIC

 

Mon ''shoeshiner'' - 10$ le mieux investi de ma journée

Le vert du 9e d'un autre angle (Le Inn est de l'autre côté de l'eau)

 

Mes 2 partners de la Pennsylvanie que j'ai finalement rossé. Fun fac, j'ai gagné une bière sur ce trou là - ''Closest to the pin'' - Tu ne paris pas contre mon PW

C'était une journée magnifique du début à la fin et un autre terrain que je ne jouerai malheureusement plus faute de temps et d'argent!

Une fois la partie terminée, la tête pleine de souvenirs (que j'ai d'ailleurs presque tous oubliés), nous nous sommes dirigés vers TPC Sawgrass. Les quelques heures de clarté me laissent croire que je vais peut-être pouvoir voir de mes propres yeux le fameux 17e trou et son île!

Notez que c'est toujours un défi d'entrer sur un terrain privé aux États-Unis. Pour ceux qui ont eu la chance de visiter de tels endroits, il y a toujours la fameuse guérite et l'employé qui s'assure que des gens comme moi n'y entrent pas. Encore moins avec un VR de 30 pieds... À chaque occasion, mon plus beau sourire, ma carte PGA du Canada et un "Hello Friends" digne de Jim Nantz m’a ouvert les portes de lieux inaccessibles. C'est donc avec fierté et un crochet de plus au carnet que j'ai roulé sur la magnifique allée du TPC Sawgrass. Un mariage avait lieu et c'était la fameuse séance de photos extérieure. Je vous laisse imaginer la scène, dans le rondpoint, autour de la fontaine, je tourne ma barge de 30 pieds et la mariée devient le 2e centre d’attention pour un moment…

 

Le clubhouse vu du 18e trou du TPC Sawgrass

La beauté de la chose c’est que de voir un VR c’est comparable à un enfant qui voit un camion de crème glacé, tout le monde semble heureux l’espace d’un moment. Encore plus quand c’est un jeune de 30 ans qui conduit.

Je prends donc la peine de me stationner le plus loin possible en espérant limiter l’attention. C’est alors que j’entends marmonner quelque chose à l’extérieur du VR. On avait laissé la porte ouverte question de ventiler toutes ces émotions.

Un homme d’une soixantaine d’année à bord de son RAM Big Horn flambant neuf nous dit de son meilleur accent ajouté à quelques consommations d’après partie : ‘’getting hammered at the club and sleep in the parking lot, isn’t the best life’’

Le bonhomme avait tellement raison, sauf que je n’avais pas joué le club ni bu une goutte d’alcool. Le gentil monsieur voyant que j’étais à des années lumières du clubhouse m’offra de monter comme passager question de me rapprocher de la boutique du pro. Pendant les 2 minutes de route, j’ai quand même pris la peine de lui poser quelques questions. Bien que son nom m’échappe, j’ai compris qu’il était membre de la place depuis plus d’une décennie. J’ai pris ma chance en lui demandant : ‘’any chance you have an available spot on your tee time tomorrow?’’ mais tristement ce dernier ne jouait pas dans les prochains jours. On ne peut pas me reprocher de tenter ma chance.

La journée en était à ses derniers miles, le soleil allait se coucher d’une minute à l’autre, c’était donc maintenant ou jamais si je voulais marcher le terrain et surtout vois les 3 derniers mythiques trous du parcours. D’un pas décidé, je rentre dans le pro-shop, me présente à l’employé de la boutique, jase quelques minutes, fais quelques achats et je prends mon courage à deux mains : Would it be possible to play the course tomorrow? Et c’est là que j’apprends que le terrain est en mode ‘’overseed’’

 

Ça pour ceux qui sont moins familier, même si c’est la Floride, le gazon tombe en dormance l’hiver faute de luminosité et de chaleur. C’est alors qu’une semence d’un autre type (ex. Rye Grass – qui résiste mieux au froid) est incorporé au sol du terrain de golf. Cette verdure, bien qu’éphémère viendra donner le temps de quelques mois, la fraîcheur que le parcours a besoin pour passer au travers des journées plus froides.

Fac en gros, mon chien était mort.

Non seulement je ne pouvais pas le jouer, mais même pas le marché. C’est donc d’un pas assez déchu (autant que déçu) que je me suis dirigé vers ce que j’allais croire être le plus près possible du vert du 17e que j’étais très loin de voir d’ailleurs. Une jeune fille, employée de la place était à proximité, j’en ai donc profité pour les poser quelques questions sur la place, le tournoi, le terrain pour finalement lui demander une carte de pointage en souvenir. J’en ai profité pour lui demander : ‘’By the way, where is the 17th hole?’’ elle me montra au loin, derrière la pancarte ‘’course closed’’ le vert du 18e et me dit, à peu près 500 verges plus loin.

Elle regarde autour d’elle, voyant mon regard un brin triste de ne pas voir cette parcelle d’île de mes yeux vivants : ‘’That’s bad to come from Montreal and not be able to see that’’

 

Elle regarde encore autour d’elle et ne voyant personne me dit : ‘’Just walk through that path and if anyone ask you, we never met’’

 

Un peu comme quand j’ouvre la porte à mon chien pour qu’il aille dehors après la nuit dans le garage, c’est d’un pas décidé que je comprends que j’ai 15 minutes pour me rendre au 17e trou sans quoi la noirceur du jour ou un agent de sécurité va m’en empêcher.

C’est donc d’un pas de marathonien de marche rapide que je pars avec l’intention de ne pas regarder en arrière. Ça ne fait pas 30 secondes que je suis parti et j’entends, de la terrasse du clubhouse :

 

‘’Hey’’

Je fais comme si ce n’est pas pour moi..

 

‘’Heyyyy’’’’

 

Avant que je ne goûte pour la première fois à un ‘’taser gun’’ je décide de me retourner juste pour voir si c’est bien pour moi. Et c’était pour moi… Voyant que l’homme en question veut a maintenant mon attention, il me crie du loin de ses 300 pieds de distance :

 

‘’Are you Jason?’’

Je me demande, pendant un instant c’est mieux que je réponde quoi…. J’ai décidé d’y aller avec la carte de l’honnêteté.

 

‘’NO!’’

‘’Then WHO ARE YOU’’

‘’I’M Pascal’’

‘’Allright Pascal’’

 

Et le gars, d’un gros thumbs up me laisse filer. Depuis ce jour, je me demande régulièrement ce que Jason avait fait de mal!

 

The rest is history. Je vous laisse donc de vos propres yeux voir ces quelques clichés pris lors de ma seule visite au TPC Sawgrass.

 

Fraîchement semé

 

J'ose à peine imaginer le feeling d'entrer par ce côté un dimanche après-midi

 

And another one!

 

 

Just can't get enough

 

Artistique dans l'âme

 

Good night from Ponte Vedra

 

 

Bon Players tout le monde!

Ah et un petit extra juste pour vous qui se seront rendus jusqu'ici :

https://youtu.be/p8P4ms0QbJ0

 

Signé

Pascal

 

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