Mardi le 7 octobre 2025,

Trois-Rivières, 

Par Pascal Garneau

 

J’ai commencé à jouer au golf quand j’avais 7 ans.

Mon grand-père, Jean-Marie, était un passionné de golf. Il a eu trois petits-fils. Je pense qu’aujourd’hui, il pourrait me dire qu’il espérait ardemment que l’un de ses descendants attrape la piqûre, puisqu'aucun de ses gendres ne semblait l’avoir eue.

La première tentative fut un échec lamentable. J’avais peur de l’enseignant qui donnait les cliniques juniors. Il s’appelait Léon Rochefort. Du haut de sa stature de hockeyeur, il dégageait sûrement la même prestance que dans un coin de la glace du Forum…

Suite à ce début nonchalant, ma mère a eu la bonne idée de me faire sauter le golf pour l'été de mes 8 ans.

Je viens d'un petit village qui s'appelle St-Pierre-les-Becquets : Population 1,500 habitants. Je ne sais pas si vous vous rappelez, quand on avait cet âge-là, on jouait avec les amis de notre classe. Les plus vieux nous regardaient de haut et on devait faire de même avec les plus jeunes, comme si des décennies nous séparaient.

Moi dans ma classe, il y avait exactement 0 gars de mon village. 0. Je peux vous dire que les étés étaient longs. Aucun sport d'équipe, en fait aucun sport à part le terrain de balle-molle (qui par ailleurs n'est pas un sport pas évident à jouer quand tu es seul)

Il restait donc le camp de jour. 

Sur le 'terrazzo' du gymnase d'école, pas d'air climatisé, avec les enfants des autres classes qui avaient précisément le même goût que moi d'être là après 10 mois d'école.

Je pense que c'est là que j'ai été confronté à ma plus grande décision : c'est quoi qui est le moins pénible : le camp de jour et le golf...

C'est donc à 9 ans que j'ai donné une deuxième chance au golf. Le comportement et l'attitude devaient être au rendez-vous parce que le local d'éducation physique de la petite école de St-Pierre m'attendait dans le détour.

 

Ladite école primaire de St-Pierre-les-Becquets

 

Du peu que je me rappelle, outre la palette de caramilk et le 'All Sport' rouge au fruit qu'on allait se chercher à la cantine du club de golf Du Moulin, j'ai dû faire pas si mal, car c'est cet été-là que j'ai obtenu ma première carte de membre 'demie-saison' pour mes 10 ans. 

Avec un peu de recul, avec le regard d'un papa de 3 enfants, je ne sais pas qui était finalement le plus soulagé : ma mère, mon grand-père ou moi-même. J'ai le gout de dire un mix des 3.

Ce fut le début de la plus grande relation amour-haine de ma vie. Ma plus belle dépendance. Mon échappatoire. Ma plus belle école de vie qui m'aura fait vivre une carrière junior, amateur, universitaire et professionnel (je vous reviendrai peut-être un jour sur quelques-uns des accomplissements que j'ai connus en 25 ans)

Fast Forward. 2007. Je gagne un tournoi universitaire sur la scène provinciale. J'ai 20 ans, je suis au sommet de mon golf, ça promet!

Et les années passent. La vie universitaire prend place, une première vraie 'job', une blonde, les sorties de plus en plus tard. Un peu comme Andy dans 'Toy Story' le golf devient mon 'Woody'

Et les années passent et passent encore et à un certain point, sans même t'en rendre compte, tu fais un deuil. Un deuil semi-avoué que je partage assurément avec plusieurs golfeurs, qui, avec un peu de compétition dans le corps, arrivent devant l'évidence : je pense que c'est l'heure de passer à autre chose...

Le sac dans la garde-robe, le baccalauréat en poche, une saveur aigre-douce : je suis rendu un adulte. 

Comme un bon vieux GPS Tomtom qui n'a pas fait sa mise à jour : signal GPS perdu, recalcule en tour, faites demi-tour... 

Je cherche clairement à m'accrocher à quelque chose dans le golf. Mais quoi. 

On est rendu à l'été 2012. Le téléphone sonne. Pierre Clermont à l'appareil (Directeur des équipes sportives des Patriotes de l'UQTR) 

''On aimerait t'avoir comme coach. Car après tout, s'il y a encore une équipe de golf à l'Université, c'est grâce à toi.''

Je confirme que j'ai vécu mon rêve d'être 'scout' en allant recruter tous les joueurs possibles depuis que j'avais intégré le programme en 2007. 

En 2016, on a une équipe de feu, qui rivalise pratiquement avec les meilleurs du circuit : Langlois, Robitaille, Demers, Gélinas et Mooijekind, avec Moyen comme capitaine. On vise une 4e participation au championnat canadien en 5 ans et on l'obtient haut la main. Ce club-là m'a permis d'obtenir un trophée, mais encore plus de rêver, croire que je pouvais encore accomplir quelque chose dans le golf. Pas nécessairement en jouant, mais en contribuant. 

Près d'une décennie est passée derrière le mirage d'une fin de carrière de golf et l'inconcevable possibilité de remporter quelque chose outre que le tournoi 'Vegas' des Anciens Nordiques pour la fondation Maurice Tanguay.

Je pense que j'ai bu le 2018 une soirée où la SAQ était fermée

 

 

Octobre 2016, je suis nommé entraîneur de l'année de la RSEQ. Un exploit inattendu impossible à imaginer sans le brio de mes joueurs.

Seul souvenir de ce titre comme la plaque semble manqué à l'appel

 

C'est la fin d'un chapitre. Un de mes derniers travaux, même le dernier, je crois. On boucle la boucle sur une belle carrière. La trentaine approche, c'est l'heure de passer à autre chose. La COVID a été la dernière petite tape dans le dos pour me dire : 'c'est beau mon homme'. On ferme les livres, on passe vraiment à autre chose, le sentiment du devoir accomplis.

8 juin 2022, 10:35 AM, 34 ans, papa d'une petite fille, sur le point de savoir que j'en attends une deuxième, bien en selle dans mon poste aux ventes pour la compagnie qui m'engage depuis la journée où je me suis fait photographier en toge. 

Le téléphone sonne : ''Salut Pascal, c'est ton VP, je suis avec les ressources humaines sur la ligne...''

Ceux qui ont été où qui sont encore dans les ventes de compagnies multinationales comprennent le 'feeling'. Tu arrives d'une année record, si ton VP ne te veut pas dans son équipe, voici un chèque, merci pour 10 années de service, bonne chance dans tes projets futurs.

Ce soir-là, je partais en Turquie pour un shooting vidéo promotionnel pour Turkish Airlines avec mon ami Simon Wakefield. Aux dernières nouvelles, Simon m'attend toujours à l'aéroport avec mon nom sur une pancarte (une autre histoire à vous raconter un jour..)

Bon, je fais quoi maintenant? Après avoir roulé 650,000 kilomètres dans la dernière décennie, refait le monde 17 fois, avoir échangé tous les joueurs de chaque année des équipes des Canadiens de Montréal, entre 2 téléphones client, je me suis un moment donné dit : 'Un jour, faudrait que j'ouvre un centre de golf. Mais pas juste des simulateurs et un bar là, du coaching, du fitting de bâtons, un atelier de réparation, des voyages, tsé un genre de 'one stop shop' qui 'feel good' de l'ouverture à la fermeture où c'est possible de jaser golf sans arrêt sans avoir l'air d'un potentiel candidat au 'TOC du golf'

Notre premier anniversaire au Golf3R

 

On est le 7 octobre 2025, on fête notre 2e anniversaire, le projet est ce que mes plus belles pensées qui divaguaient sur la 40 entre Trois-Rivières et Québec me permettaient d'imaginer. 

Je viens d'être élu apprenti-professionnel de l'année par mes pairs de la PGA du Québec. 


Avec mon acolyte derrière tous mes projets depuis 2019 - Merci Alex ❤️

 

C'était mon dernier trophée à vie. Mais qui sait ce que l'avenir nous réserve.

À bientôt

Pascal

 

 

 

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